- Informations:
Paru le 29 août 2013
364 pages
23,90 €
- Résumé:
Dans une épigramme adressée à sa femme, Martial écrivait : "je veux bien que tu sois une Lucrèce pendant le jour tout entier, mais c’est une Laïs qu’il me faut la nuit". Il décrit en vers tout le paradoxe de l’érotisme féminin dans l’antiquité romaine. Comme une même femme ne peut pas être tout à la fois le parangon de la chasteté et une amante débauchée, Virginie Girod montre comment les femmes furent classées en catégories, selon leur statut social qui définissait ainsi ce qu’il leur était possible de faire ou non dans leur vie sexuelle. La "matrone" se trouve cantonnée dans son rôle reproducteur de l’élite, et il est rare qu’elle soit un objet érotique. Ce dernier rôle est rempli auprès du mâle romain par des esclaves, des affranchies, des courtisanes : il n’y a même pas adultère en pareil cas. Le statut social détermine totalement la sexualité et l’imaginaire qui va avec. Rien de plus étranger à cette société dure et fermée que l’épanouissement personnel. Le corps érotique et le corps reproducteur étaient-ils deux choses résolument différentes ou pouvaient-ils se réunir dans une improbable symbiose ? Comment la sexualité était-elle vécue au quotidien selon que l’on était une femme honnête ou non ? Que représentaient en réalité la sexualité et ses pratiques aux yeux des Romains ? Les Romains du Ier siècle ont-ils vraiment été les personnages débauchés, prompts à commettre toutes les transgressions pour le plaisir de leurs sens comme veulent nous le faire croire les péplums du XXe siècle ou ont-ils été les artisans de notre société occidentale en imaginant des normes sexuelles qui sont les ancêtres de celles d’aujourd’hui ? A l’aide d’une documentation considérable, Virginie Girod répond à ces questions pour apporter une nouvelle réflexion sur ce que certains ont appelé l’émancipation féminine des Romaines.
- Mon avis:
Car les forces de cet essai sont bien d'une part de se lire comme un roman, d'autre part de ne pas sombrer dans des explications d'une profondeur toute académique et écrite dans un langage abyssal. Tout argument et exemple est développé de façon claire, nette et précise, sans user de grandes phrases pour lesquelles il faut passer cinq minutes à décrypter. Il m'est arrivé de lire cet essai pendant plus d'une heure d'affilée, chose rare pour ce genre d'ouvrage. En effet, les propos de Virginie Girod était si intéressant qu'on avait envie de "lire la suite à tout prix", comme une sorte de roman à suspens. Comment les femmes traitaient leur chevelure? Quel sort était réservé aux femmes adultères? Comment vivaient les prostituées? Tant de questions auxquelles on a hâte de connaître la réponse. L'auteur a su appâter son lecteur de sorte qu'il reste captivé par sa lecture.
De plus, bien qu'elle utilise des exemples somme toute assez célèbres, qu'il s'agisse de Rhéa Silvia, Lucrèce ou autre Agrippine, elle a su les présenter sous un jour nouveau. En les mettant en perspective les uns avec les autres, elle s'est concentrée sur des cas particuliers pour élargir à une règle générale de la condition sexuelle féminine.
Néanmoins, la simplicité de style évoquée plus haut a aussi un pendant négatif. Ce livre suit une structure très scolaire. On pouvait si attendre puisqu'il s'agit au départ d'une thèse mais avoir l'impression de lire une dissertation est devenu à la longue légèrement gênant. Quand en lisant l'introduction, on en vient à se dire "ça c'est la phrase d'accroche; ça c'est l'analyse du sujet et le cadrage spatio-temporel; et ça c'est la problématique et l'annonce de plan", on a vite le sentiment frustrant de lire un bouquin pour les cours.
En bref, vous l'aurez compris, cet essai est recherché en ce qui concerne le fond et très agréable à lire! Si c'est un sujet qui vous intéresse, vous ne trouverez pas meilleure synthèse.
8.5/10
Dommage qu'il fasse lecture scolaire car le sujet doit être intéressant !
RépondreSupprimerEn même temps, c'était une thèse au départ. Donc je me dis que c'était inévitable !
SupprimerIl a l'air intéressant... pourquoi pas alors !
RépondreSupprimerje constate que l'on a plusieurs lectures communes ! ;)
RépondreSupprimerj'ai également beaucoup apprécié cette lecture que j'ai trouvé captivante d'un bout à l'autre, pourtant j'avais déjà lu plusieurs livres sur le thème, mais j'ai encore approfondi mes connaissances sur le sujet... :)