- Informations:
Editions Folio
Paru le 2 janvier 2014
176 pages
5.89 €
- Résumé:
«Pim passe sa main partout où il peut, identifie à haute voix le jarret, la côte première et le filet mignon – les mots la font rire et puis moins quand il passe à la tranche grasse et au cuisseau. Le corps de l'apprenti ankylosé par des jours de découpe, de désossage et de nettoyage se détend enfin, s'assouplit, ses mains se décrispent, la chair est mobile, la peau se griffe, le sang détale dans les veines, il pose ses doigts sur les tempes de la fille, ça pulse.»
Comme une bête est l'histoire d'un jeune homme qui aime les vaches au point de devenir boucher.
- Mon avis:
Il n'y a pas de meilleur résumé de ce roman que celui qu'en a fait
l'éditeur. Comme une bête, c'est
purement et simplement "l'histoire d'un jeune homme qui aime les vaches au
point de devenir boucher". En effet, Pim "rêve à la viande"
alors que "s'épanche en lui un amour carnivore, une gratitude insensée
pour les bêtes qu'il aime et mange, qu'il aime et tue" (p.169-170). *Un peu cinglé le bonhomme...*
L'enjeu de ce livre est de construire une réflexion sur le
regard que porte Pim sur son métier. On peut aussi y voir une conceptualisation du
paradoxe humain: on aime nos animaux mais ça ne nous empêche pas de les manger.
J'ai des copines (cf photos ci-dessous) qui vivent dans un champ derrière chez
moi et avec qui j'aime discuter de temps en temps. Ça ne m'empêche pas de me
remplir le gosier de steak juste après.
Ce roman n'a donc pas d'intrigue à proprement parler (on aime ou on aime pas). Il est simplement l'aboutissement d'un questionnement sur la passion d'un homme pour les bêtes, d'un boucher pour la viande.
Voyez plutôt:
- Début du roman: Pim intègre le centre de formation des apprentis bouchers de Ploufragan
- Péripétie 1: un cochon s'évade de l'abattoir
- Péripétie 2: Pim reçoit le prix du "meilleur apprentis boucher des Côtes-d'Armor"
- Péripétie 3: Pim discute avec Culotte junior (vache, fille de Culotte 1ère)
- Chute finale: Pim est boucher
Joy Sorman exprime ses idées de façon très poétique. Ce livre se lit d'ailleurs bien plus pour la verve de son auteur que pour l'intrigue en elle-même, pour sa réflexion que pour son suspens. Il n'est pas ici question d'un roman narratif mais bien davantage d'une ode à nos amis les bouchers. Ma lecture n'a pas été sans me rappeler sur certains points celle de Bifteck de Martin Provost, plus vulgaire et moins subtile mais tout aussi intéressante.
> Hommage marquant à une passion dévorante, celle de ces composteurs de viande qui nous servent tous les jours, Comme une bête cherche bien plus à magnifier la relation qu'entretiennent ces hommes (et ces femmes) avec les bêtes qu'à juger notre appétit carnivore. A réserver aux vachophiles qui apprécieront cette peinture satirique d'eux-mêmes.
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