samedi 1 octobre 2011

Le club des incorrigibles optimistes



Le Club des Incorrigibles Optimistes
auteur: Jean-Michel Guenassia
sortie: 2009


Présentation de l'éditeur:

Michel Marini avait douze ans en 1959. C'était l'époque du rock'n'roll et de la guerre d'Algérie. Lui, il était photographe amateur, lecteur compulsif et joueur de baby-foot au Balto de Denfert-Rochereau. Dans l'arrière-salle du bistrot, il a rencontré Tibor, Léonid, Sasha, Imré et les autres. Ces hommes avaient tous passé le Rideau de fer pour sauver leur vie. Ils avaient abandonné leurs amours, leur famille, leurs idéaux et tout ce qu'ils étaient. Ils s'étaient tous retrouvés à Paris dans ce club d'échecs d'arrière-salle que fréquentaient aussi Kessel et Sartre. Cette rencontre bouleversa définitivement la vie de Michel. Parce qu'ils étaient tous d'incorrigibles optimistes.


Mon avis:

 J’ai eu la chance de recevoir ce roman grâce à Babelio et à son partenariat avec le livre de poche que je tiens à remercier chaleureusement. Après 46 critiques et 182 votes sur Babelio, il me parait difficile d’ajouter de nouveaux éléments critiques constructifs c’est pourquoi je vais tenter de ne pas m’égarer.

 La couverture de cette édition de poche est vraiment très attirante – en même temps c’est une photo de Cartier-Bresson, quoi de plus normal ? Cependant, je ne saisis pas bien le rapport avec le roman. Elle ne me paraît pas très représentative de l’histoire.

 Tout d’abord, qu’est ce que le club des incorrigibles optimistes ? C'est un groupe d’immigrés qui se rassemble dans les coulisses d’un bistrot pour jouer aux échecs. Cependant, « la surprise, ce n'était pas le club d'échecs. C'était de voir Jean-Paul Sartre et Joseph Kessel jouer dans l'arrière-salle enfumée de ce bistrot populaire. Je les connaissais par la télé. C'étaient des gens célèbres. J’étais fasciné. »

 La lecture débute sur l’enterrement d’un écrivain et se termine par l’enterrement de Sacha, un ami de Michel. Le récit est construit sur un enchevêtrement de narrateurs et de dates. Tout au long du roman, on découvre donc une tranche de la vie de Michel, de 12 à 16 ans entremêlait des histoires des membres du club. J’ai trouvé les coupures effectuées à des endroits assez inattendus du coup quand je continuais sur ma lancée, je ne me rendais pas toujours compte du changement. Dès le début, on a envie de découvrir ce qui a poussé Michel à s’éloigner du club. La mort de Sacha est l’occasion pour Michel de prendre un nouveau départ en compagnie de ses anciens amis.

 Quand je suis arrivé à la fin de ma lecture, je n’avais plus qu’une envie : recommencer pour pouvoir mettre toutes ces parties de vie dans l’ordre et en mesurer les conséquences. En bref, la structure du livre est très élaborée et on sent que l’auteur maîtrise le sujet de bout en bout.

 J’ai trouvé que ce roman manquait un peu d’énergie par moment, certainement faute d’une véritable intrigue. Mais bon, le but de l’auteur n’était pas de raconter une grande aventure je pense, mais plutôt de réaliser un tableau de la société parisienne dans les années 50/60 sur fond de luttes philosophiques et guerre d’Algérie. Il n’y a pas d’intrigue en soi, mais ce sont plus les « anecdotes » qui rendent le récit intéressant à suivre. On se laisse assez facilement porter par les petits évènements qui ont marqués Michel. J’ai particulièrement aimé la façon dont il raconte comment il trichait à l’école, sa rencontre avec Sartre et Kessel, l’annonce de la mort de ce dernier, le retour de Tibor au pays,  

 Il y avait un peu trop de personnages à mon goût. Je m’emmêlais les pinceaux pour les prénoms de chacun. A part Michel, je n’ai du coup pas réussi à totalement sympathiser avec les autres membres du club puisqu’on passait trop rapidement de l’histoire de l’un à celle de l’autre alors que ce qu’on sait d’eux et vraiment très fort.

Les femmes sont en nombre largement minoritaire dans ce livre, mais leur importance n’en ressort que bien plus. Michel ne connaît pas la stabilité dans ses relations avec les femmes qui l’entourent. Cécile, sa meilleure amie, et Camille, son amoureuse, l’abandonnent. Sa mère n’est pas un modèle. On peut d’ailleurs noter que les femmes sont généralement plus intelligentes que les hommes : Cécile prépare sa thèse quand son frère et petit ami partent à la guerre, Camille obtient son bac avec mention bien quand Michel n’ait reçu qu’avec assez bien, la petite Juliette que je ne peut qu’imaginer posséder le sens commercial de son père et a qui je prédit un brillant avenir, la mère de Michel qui finit par réussir à avoir raison de son mariage et de ses enfants. C’est excellent pour notre fierté !

 Au niveau du style, j’ai trouvé le roman agréable à lire.  Guenassia a recours plusieurs fois à des énumérations. Si c’est un peu pénible à lire quand elles deviennent fréquentes, j’ai craquée pour l’une d’elle page 88 : « Les mots : borné, histoire, complice, aveugle, lucidité, mauvaise fois, lâcheté, morale, engagement, conscience, revenaient de chaque côté. » Je trouve que ces quelques mots résument à eux seuls très bien les sentiments renvoyés par l’histoire. Avec quelques répliques bien senties (j’ai un faible pour les réflexions livresques de Michel), l’auteur donne du rythme à l’histoire et parvient à nous captiver tout son long.

 Ce roman était très agréable à lire et très instructif ; entre humour et tendresse difficile de ne pas laisser son imagination rejoindre le jeune homme. J’ai vraiment bien aimé cet auteur donc je vais surveiller de près ses prochaines publications.

Il va peut-être falloir penser à « lagardetmichardiser » Guenassia, non ?

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