Le Club des Incorrigibles Optimistes
auteur: Jean-Michel Guenassia
sortie: 2009
Présentation de l'éditeur:
Michel Marini avait douze ans en 1959. C'était l'époque du rock'n'roll et de la
guerre d'Algérie. Lui, il était photographe amateur, lecteur compulsif et joueur
de baby-foot au Balto de Denfert-Rochereau. Dans l'arrière-salle du bistrot, il
a rencontré Tibor, Léonid, Sasha, Imré et les autres. Ces hommes avaient tous
passé le Rideau de fer pour sauver leur vie. Ils avaient abandonné leurs amours,
leur famille, leurs idéaux et tout ce qu'ils étaient. Ils s'étaient tous
retrouvés à Paris dans ce club d'échecs d'arrière-salle que fréquentaient aussi
Kessel et Sartre. Cette rencontre bouleversa définitivement la vie de Michel.
Parce qu'ils étaient tous d'incorrigibles optimistes.
Mon avis:
J’ai eu la chance de recevoir ce roman grâce à Babelio et à
son partenariat avec le livre de poche que je tiens à remercier
chaleureusement. Après 46 critiques et 182 votes sur Babelio, il me parait
difficile d’ajouter de nouveaux éléments critiques constructifs c’est pourquoi
je vais tenter de ne pas m’égarer.
La couverture de cette édition de poche est vraiment très
attirante – en même temps c’est une photo de Cartier-Bresson, quoi de plus
normal ? Cependant, je ne saisis pas bien le rapport avec le roman. Elle
ne me paraît pas très représentative de l’histoire.
Tout d’abord, qu’est ce que le club des incorrigibles optimistes ? C'est un groupe d’immigrés
qui se rassemble dans les coulisses d’un bistrot pour jouer aux échecs.
Cependant, « la surprise, ce n'était pas le club d'échecs. C'était de voir
Jean-Paul Sartre et Joseph Kessel jouer dans l'arrière-salle enfumée de ce bistrot
populaire. Je les connaissais par la télé. C'étaient des gens célèbres. J’étais
fasciné. »
La lecture débute sur l’enterrement d’un écrivain et se
termine par l’enterrement de Sacha, un ami de Michel. Le récit est construit
sur un enchevêtrement de narrateurs et de dates. Tout au long du roman, on
découvre donc une tranche de la vie de Michel, de 12 à 16 ans entremêlait des histoires
des membres du club. J’ai trouvé les coupures effectuées à des endroits assez
inattendus du coup quand je continuais sur ma lancée, je ne me rendais pas toujours
compte du changement. Dès le début, on a envie de découvrir ce qui a poussé
Michel à s’éloigner du club. La mort de Sacha est l’occasion pour Michel de
prendre un nouveau départ en compagnie de ses anciens amis.
Quand je suis arrivé à la fin de ma lecture, je n’avais plus
qu’une envie : recommencer pour pouvoir mettre toutes ces parties de vie
dans l’ordre et en mesurer les conséquences. En bref, la structure du livre est très élaborée et on sent que l’auteur
maîtrise le sujet de bout en bout.
J’ai trouvé que ce roman manquait un peu d’énergie par
moment, certainement faute d’une véritable intrigue. Mais bon, le but de
l’auteur n’était pas de raconter une grande aventure je pense, mais plutôt de
réaliser un tableau de la société parisienne dans les années 50/60 sur fond de
luttes philosophiques et guerre d’Algérie. Il n’y a pas d’intrigue en soi, mais ce sont plus les « anecdotes » qui rendent le récit
intéressant à suivre. On se laisse assez facilement porter par les petits
évènements qui ont marqués Michel. J’ai particulièrement aimé la façon dont il
raconte comment il trichait à l’école, sa rencontre avec Sartre et Kessel,
l’annonce de la mort de ce dernier, le retour de Tibor au pays, …
Il y avait un peu trop de personnages à mon goût. Je m’emmêlais
les pinceaux pour les prénoms de chacun. A part Michel, je n’ai du coup pas
réussi à totalement sympathiser avec les autres membres du club puisqu’on
passait trop rapidement de l’histoire de l’un à celle de l’autre alors que ce
qu’on sait d’eux et vraiment très fort.
Les femmes sont en nombre largement minoritaire dans ce
livre, mais leur importance n’en ressort que bien plus. Michel ne connaît pas
la stabilité dans ses relations avec les
femmes qui l’entourent. Cécile, sa meilleure amie, et Camille, son amoureuse,
l’abandonnent. Sa mère n’est pas un modèle. On peut d’ailleurs noter que les
femmes sont généralement plus intelligentes que les hommes :
Cécile prépare sa thèse quand son frère et petit ami partent à la guerre,
Camille obtient son bac avec mention bien quand Michel n’ait reçu qu’avec assez
bien, la petite Juliette que je ne peut qu’imaginer posséder le sens commercial
de son père et a qui je prédit un brillant avenir, la mère de Michel qui finit
par réussir à avoir raison de son mariage et de ses enfants. C’est excellent pour
notre fierté !
Au niveau du style, j’ai trouvé le roman agréable à lire. Guenassia a recours plusieurs fois à des
énumérations. Si c’est un peu pénible à lire quand elles deviennent fréquentes,
j’ai craquée pour l’une d’elle page 88 : « Les mots : borné,
histoire, complice, aveugle, lucidité, mauvaise fois, lâcheté, morale,
engagement, conscience, revenaient de chaque côté. » Je trouve que ces
quelques mots résument à eux seuls très bien les sentiments renvoyés par
l’histoire. Avec quelques répliques bien senties (j’ai un faible pour les
réflexions livresques de Michel), l’auteur donne du rythme à l’histoire et
parvient à nous captiver tout son long.
Ce roman était très agréable à lire et très
instructif ; entre humour et tendresse difficile de ne pas laisser son
imagination rejoindre le jeune homme. J’ai vraiment bien aimé cet auteur donc
je vais surveiller de près ses prochaines publications.
Il va peut-être falloir penser à
« lagardetmichardiser » Guenassia, non ?
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